mercredi 29 décembre 2010

dimanche 7 novembre 2010

Dors bien dors bien

Funérailles

Plantez un romarin
Et dansez sur la tombe
Car la morte est bien morte
C'est tard et la nuit tombe

Dors bien dors bien

C'est tard et la nuit tombe
Dansons dansons en rond
La morte a clos ses yeux
Que les dévôts prient Dieu

Dors bien dors bien

Que les dévôts prient Dieu
Cherchons-leur des prie-Dieu
La mort a fait sa ronde
Pour nous plus tard demain

Dors bien dors bien

Pour nous plus tard demain
Plantons un romarin
Et dansons sur la tombe
La mort n'en dira rien

Dors bien dors bien

La mort n'en dira rien
Priez les dévôts mornes
Nous dansons sur la tombe
La mort n'en saura rien

Dors bien dors bien

dimanche 31 octobre 2010

Tutti i morti

Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.
J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.

Victor Hugo - Pauca Meae (Les Contemplations)

mardi 26 octobre 2010

Ministère Amer





Ministère A.M.E.R. - Un été à la cité
(album "95200", 1994)

Passi
Sarcelles-Garges, 11 heures, le soleil brille, brille, brille.
Je me lève tard tant pis, je chercherai du taf lundi
J'allume ma stéréo sur du lid-so,
Le temps de regrouper mes idées avant ma série préférée.
Je vais me doucher déjeuner et mettre mon nouveau Lacoste pour flamber.
Oh merde qu'est-ce que je vais encore fout'de ma journée.
Les bécanes font un bruit à réveiller un mort.
La capitale des lascars n'est pas tranquille pour un mec qui dort.
Cette nuit, j'ai fait un rêve à vrai dire un cauchemar,
Faut que j'écrive ça fera sûrement un rap pour plus tard.
Il est midi, la chaleur fait monter chez moi l'odeur du "chep" et cantonnais du deuxième,
Le couscous et colombo du troisième mélange au saka saka du quatrième.
Comme le dit Jacques Chichi décontracté à chaque étage,
Ça sent la bouffe, une vie de louf.
Dans mes escaliers tout le monde a signé, d'autres ont pissé,
Des chiens ont chié. Il n'y a plus de respect
Donc la gardienne gueule sa mère, fait des simagrées.
Ma famille crie : trouve un métier. Je dois m'évader.

Il est 13 heures je descends faire du biz dans le quartier.
Un mec de la base propose un putain de plan naze.
Ce chien-pédé-enculé a du me prendre pour un toxico.
De plus eu plus crevards tous prisonniers de la nai-mo.
Dur, dur de penser au cachot alors qu'il fait chaud.
On surveille ses arrières pour ne pas se faire serrer, c'est ça un été à la cité

Stomy
14 heures, le soleil brûle sa mère. On pourrait fondre du cobalt.
Moi et mes sauces, on grille nos culs de nègres sur l'asphalte.
Ceux en galère de femmes ou allergiques à Paname
Restent se faire de l'argent dans la dinam.
Messieurs, mesdames, attendre par ce temps c'est chiant.
On se raconte des histoires d'avant, du bon vieux temps,
Comme si on avait cinquante ans.
Quelques flics s'arrêtent, font du cinéma pour montrer aux français
Qu'ils peuvent entrer dans les cités.
Mais quand il y a du dawa Vous avez appelé la police ?
Ne quittez pas. En voyant passer les raclies de la te-ci
Je pense à celles parties au pays. Elles vont revenir cramées,
Bondas bronzées, bondas bombées.
Elles seront trop bonnes, elles voudront qu'on leur donne.
Et le Dieu Vacances les aura changées en cochonnes.
Certains ont repris le ballon, se prennent pour des champions.
Faux goumés pour s'amuser en même temps pour se tester.
Le marchand de glaces passe.
Petits négrillons et bougnoules ne tiennent plus en place.
Kalis après kalis. Seize après seize. Nistoires sur les mecs qui pèsent.
Histoires de baise.
On ne voit pas le temps passer, normal, ti mal, c'est ça un été à la cité.

23h30, les boutiques ferment. On fait les comptes.
Bonne journée. Ca te tente ?
Certains veulent faire nocturne.
Parler, rigoler, crier (au clair de la lune), jouer à chat policier.
J'ai déjà donné. Je vais dérouler Blanka
Pendant que les stokmas de deux en tee-shirt ont froid.
Les petits du haut de leur fenêtre nous guettent et veulent en être.
Avant qu'un trou du cul de cocu nous tire dessus,
Je m'arrache, le temps de yégri des vilcis,
Savater des camés qui viennent traîner dans le quartier.
Je ne sais pas ce que vous foutez,
maintenant vous savez comment se passe un été à la cité.

Passi
Minuit direction le camion pour s'envoyer un guèse.
Tard le soir, là où la chiré pèse.
Vannes sur vannes chacun prend sa part.
Les sauces en savent beaucoup et le remettent sur le trottoir.
On vit au jour le jour on a fait du profit. C'est une putain de saison.
L'heure du sommeil pousse le désir des chattes.
Donc certains escaladent pour dormir chez leurs rates ou chez la tienne.
Toute façon l'été on tâte les tétés en chaleurs sont les chiennes.
Une heure, fatigué, je rentre à la case, tandis qu'à la télé rien que du naze,
Je vais me coucher. Encore un jour où j'étais goût-dé.
Demain la même journée. Oui ça c'est un été à la cité

dimanche 24 octobre 2010

Ambiance du dimanche


Madonna - Frozen
envoyé par johndee666. - Clip, interview et concert.



Mmmmmmm... If I could melt your heart
Mmmmmmm... We'd never be apart
Mmmmmmm... Give yourself to me
Mmmmmmm... You are the key

vendredi 24 septembre 2010

samedi 14 août 2010

Je te promets le sel au baiser de ma bouche
Je te promets le miel à ma main qui te touche
Je te promets le ciel au dessus de ta couche
Des fleurs et des dentelles pour que tes nuits soient douces

Je te promets la clé des secrets de mon âme
Je te promets la vie de mes rires à mes larmes
Je te promets le feu à la place des armes
Mais jamais des adieux rien que des au-revoirs

J'y crois comme à la terre, j'y crois comme au soleil
J'y crois comme un enfant, comme on peut croire au ciel
J'y crois comme à ta peau, à tes bras qui me serrent
J'te promets une histoire différente des autres
J'ai tant besoin d'y croire encore

Je te promets des jours doublent comme tes veines
Je te promets des nuits rouges comme tes rêves
Des heures incandescentes et des minutes blanches
Des secondes insouciantes au rythme de tes hanches

Je te promets mes bras pour porter tes angoisses
Je te promets mes mains pour que tu les embrasses
Je te promets mes yeux si tu ne peux plus voir
J'te promets d'être heureux si tu n'as plus d'espoir

J'y crois comme à la terre, j'y crois comme au soleil
J'y crois comme un enfant, comme on peut croire au ciel
J'y crois comme à ta peau, à tes bras qui me serrent
J'te promets une histoire différente des autres
Si tu m'aides à y croire encore

Et même si c'est pas vrai, si on te l'a trop fait
Si les mots sont usés, comme écris à la craie
On fait bien des grands feu en frottant des cailloux
Peut-être avec le temps à la force d'y croire
On peut tout essayer pour voir

Et même si c'est pas vrai, même si je mens
Si les mots sont usés, légers comme du vent
Et comme notre histoire se termine au matin
J'te promets un moment de fièvre et de douceur
pas toute la nuit mais quelque heures ...

Je te promets le sel au baiser de ma bouche
Je te promets le miel à ma main qui te touche
Je te promets le ciel au dessus de ta couche
Des fleurs et des dentelles pour que tes nuits soient douces...



vendredi 6 août 2010

A lire en plein air

[...à Villeneuve d'Ascq, Cité Scientifique, près des batiments de chimie...]


HAIKUS


The rooster at dawn
The hen asleep
-- Frying eggs in a chicken coop

Le coq à l'aube
La poule dort
-- Faisant frire des oeufs dans un poulailler

And this is Zeus
a plucked pear
bitten into by an American child

Et voici Zeus
une poire cueillie
mordue par un enfant américain

A man crosses the street
I stand on the corner applauding him
-- he made it !

Un homme traverse la rue
Du coin de la rue je l'applaudis
-- il a réussi !

By the hammer
By the blow
-- the nail finds its way

Par le marteau
Par le coup
-- le clou trouve le chemin

The mother's talk
The child's ear
-- the plans of a kingdom burn

Les paroles de la mère
Les oreilles de l'enfant
-- les plans d'un royaume brûlent

My little niece forgive me
In the noon cursed wind
I can't be an uncle

Ma petite nièce pardonne-moi
Dans le vent de midi damné
Je ne peux pas être un oncle

And oh and now I know
Having had enough of her
How women suffer.

Et oh et maintenant je sais
En ayant eu assez d'elles
Comment souffrent les femmes.

mercredi 27 janvier 2010

du blog d'Alina Reyes à propos de Lanzmann, Sollers, Haenel et tutti quanti

24.01.2010
Des parasitages

« Je publie dans ma collection L'Infini un roman qui est un magnifique hommage à ton roman Forêt profonde et à toute ton œuvre », ne m'a pas prévenue Philippe Sollers « par un appel téléphonique, matinal et hâtif », comme celui que reçut Claude Lanzmann (remplacez Forêt profonde par Shoah). À part cela, les procédés sont proches.

Six pages de Claude Lanzmann, donc, dans Marianne de cette semaine, pour dire que le dernier livre de Yannick Haenel relève du « parasitage » voire du « plagiat » - et de la « falsification de l'Histoire et de ses protagonistes ». Marie Darrieussecq, amie de Yannick, en déduira sans doute que Lanzmann agit ainsi parce qu'il nourrit un désir fou, cet inconnu, de sortir de l'ombre en se disant plagié , et plus spécialement une érotomanie cachée envers Sollers. Car Lanzmann le dit bien, « l'auteur des faits », c'est Sollers. D'ailleurs, en le prévenant de la sortie de ce « magnifique hommage », il ne prit même pas la peine de mentionner le nom de son auteur.

Lanzmann d'abord ne réagit pas. Sollers l'a en quelque sorte mis devant le fait accompli, et comment protester alors que tout se passe à l'intérieur de la maison Gallimard (où est publié le grand best-seller du cinéaste écrivain) ? Et puis je sais ce que c'est, après avoir été pillé et trahi, on est d'abord muet, on en perd sa capacité à parler sereinement.

Lanzmann raconte qu'un journaliste de l'Express lui téléphona et l'interrogea sur une rumeur, selon laquelle il serait allé voir le directeur financier de Gallimard pour exiger le tiers des droits du livre d'Haenel. C'est cette diffamation « venimeuse », dit-il, qui le décida à lire la dernière partie du livre Jan Karski. Eh bien, je reconnais parfaitement ce procédé : à moi aussi, quand je commençai à dire à quel pillage avait donné lieu mon œuvre, il fut insinué ou dit maintes fois que j'étais poussée par un désir d'argent. Injure qui m'avait été faite avant cela, d'ailleurs, notamment lors de la parution de mon livre d'entretien avec Stéphane Zagdanski, pour lequel Josyane Savigneau (qui donc n'était pas content que je travaille avec Stéphane, et accessoirement pose nue avec lui ?) avait écrit dans Le Monde cette élégante critique : « Prends le fric et tire-toi ». Insulte antisémite classique, m'avait fait remarquer Stéphane - et il est intéressant de remarquer qu'elle fut renouvelée envers Claude Lanzmann.

Quant à la falsification de l'Histoire, Lanzmann expose très bien les faits. Notant d'abord que le Karski d'Haenel est « pleurnichard », « tristement linéaire, emphatique », « faux de part en part ». Il s'explique sur ses propres choix de cinéaste. Dénonce vigoureusement la « misère d'imagination », les « insultantes platitudes » par lesquelles le romancier décrit la rencontre de Karski avec Roosevelt, de façon complètement mensongère, en contradition totale avec ce qui s'est réellement passé. Et enfin pose longuement la question de savoir si l'on aurait pu sauver les juifs d'Europe, en évoquant diverses tentatives, et leurs échecs ; et surtout en remettant les faits dans une perspective profonde.

Avec tout cela, je vais vous dire : les juifs, c'est moi. « En 1945 (...) il n'y a eu que des complices et des menteurs », a paraît-il écrit Haenel. Je ne sais pas s'il comprend ce qu'il a dit là, ni s'il sait de qui il parle, ni s'il se retourne vers lui-même.

Shalom.

mardi 19 janvier 2010

Alina Reyes blog

18.01.2010
L'intelligence de la lumière

Il ne faut pas croire que l'on apprend à prier en commençant à dire des prières. Ce serait apprendre comme un perroquet, ça fait toujours de jolies plumes pour décorer un intérieur, mais enfin le chant est pour le moins médiocre, et on reste en cage. C'est en vivant qu'on apprend d'abord à prier. En essayant de vivre dans un esprit d'amour et de justice, au quotidien et aussi dans la trajectoire d'ensemble de notre vie. Même sans prières, même sans être croyant, quiconque vit en juste est plus apte à la prière que n'importe quel dévôt qui refuse, dans les instants comme dans la durée de sa vie, de voir la vérité, et ne sait pas donner son cœur, vraiment, gratuitement, entièrement.

Dans l'autre sens, quiconque prie réellement ne pourra que désirer purifier toujours davantage son être et sa vie, afin d'en faire le meilleur don possible à Dieu et à son humanité.

Beaucoup de douceur dans cette exigence, quand l'être entre en communion d'amour avec autrui, et que se manifeste ainsi la Présence. Beaucoup de violence aussi, quand l'être doit faire face à l'agression, la trahison, l'incompréhension d'autrui : violence du mal qu'il faut affronter en toute responsabilité, violence contre l'ego qu'il faut abandonner.

Que votre vie soit prière, et elle jettera le feu sur la terre. « On » n'y comprendra rien, « on » n'y verra que du feu, « on » croira peut-être même y voir le feu de l'enfer, et vous causer beaucoup d'ennuis. Car le feu de la pure vérité, du pur amour, du pur esprit, effraie les démons et leur fait pousser des cris là où ils se tiennent, au fond de la marmite de l'homme. Mes amis, il nous faut aller voir encore plus bas en nous, il faut oser soulever le tapis et regarder en face ce qui nous empêche d'y voir clair, si nous voulons nous élever.

Tout homme est impur. Le feu de Dieu brûle toute impureté. C'est cela, le pardon : l'intelligence de la lumière.


(du blog de Alina Reyes, http://amainsnues.hautetfort.com/)

Amour et Mort

samedi 16 janvier 2010

Etonnante Alina Reyes





Elle aussi harcelée régulièrement par des gens médiocres et surtout jaloux de son rayonnement. Parcours originale et très sensé, que celui de cette belle femme écrivaine, du Boucher à la petite voyante de Lourdes. Je viens de terminer ce beau livre mystique et au final lyrique, voir métaphysique; livre commencé il y a deux jours: rare que je lise aussi vite... Je replonge cette nuit dans La chasse amoureuse, commencé et jamais terminé il y plusieurs années... je retrouve à la fin du volume quelque note prise après une conversation (nuitée?) avec toi certainement, des titres de chapitres, un titre aussi, joli, écrit en capitales: Traité Logico-Amoureux, qui singe évidemment Ludwig Wittgenstein.

Ce qui m'est le plus accablant, est que je recommence à écrire, lire, et penser à mon écriture dès que ton ombre s'éloigne... comment expliquer que cet éloignement me soit essentiel pour écrire?

je ne sais guère, mais continue de garder l'interphone débranché pendant la nuit

mercredi 13 janvier 2010

Meditatio

[...]

Il n’avait lui-même jamais éprouvé rien de tel à l’égard d’une femme, mais il savait qu’un tel sentiment devait être l’amour. Ses larmes se firent plus abondantes, et dans la pénombre il crut voir la forme d’un jeune homme sous un arbre ruisselant. D’autres formes étaient à proximité. Son âme avait atteint ce lieu où demeure la multitude innombrable des morts. Il était conscient de leur existence capricieuse et intermittente, mais il ne pouvait la comprendre. Sa propre identité s’estompait dans un monde intangible et gris : le monde solide lui-même, que ces morts avait un jour bâti et habité, se dissolvait et se résorbait.

Quelques reflets sur les carreaux le firent se tourner vers la fenêtre. De nouveau il neigeait. Les yeux lourds, il regarda tomber les flocons, argentés et sombres, contre le réverbère. Le moment était venu pour lui de commencer son voyage vers l’ouest. Oui, les journaux avaient raison : l’Irlande entière était recouverte de neige. Elle tombait en tous points de la sombre plaine centrale, sur les collines sans arbres, doucement sur le marais d’Allen et, plus à l’ouest, doucement sur les vagues sombres et rebelles de Shannon[2]. Elle tombait, de même, en tous points du cimetière solitaire sur la colline où reposait Michael Furey. Elle reposait en couches épaisses sur les croix déformées et les pierres tombales, sur les piques de la petite barrière et sur les épines stériles. Son âme lentement s’évanouit comme il entendait la neige tomber délicatement sur l’univers et délicatement tomber, comme au jour du Jugement dernier, sur tous les vivants et les morts.


(derniers paragraphes from James Joyce, Les morts)

mercredi 6 janvier 2010

Radio Campus Lille




Je donne des interviews à la radio en ce moment, et c'est très chic.
Il faut que je me fasse une voix d'Amanda Lear.

ma tête, ce soir

ma tête, ce soir

Accouplé à la peur
entre la vie et le vide

le cou engendre le couteau

et le Coupeur de têtes
suspendu entre la tête et le corps

éclate de mou rire

(Ghérasim Luca, A gorge dénouée)

de quoi Elise est-il le nom?

nous sommes nombreux mes frères