jeudi 29 janvier 2009

Commencements

pourquoi je n’ai pas été ta mère ? - j’aurais écarté mes jambes pour y découvrir ta tête au milieu, j’aurais crié pendant que tu criais, j’aurais pensé que la douleur sert à quelque chose, la douleur de t’avoir sert à quelque chose, par cette douleur complète je t’aurais possédé toute la vie, cette douleur m’aurait accompagnée à chaque pas, à cette douleur j’aurais pensé en même temps que je pensais à toi, mon enfant chéri, tu m’aurais suivi dans tous les plaisirs, ta tête au milieu dans tous les plaisirs, même ceux que tu connais bien, les plus douloureux

au commencement de tout, à ta naissance, avant tout autre geste, tu aurais approché ta bouche à mon sein et tu en aurais senti la chaleur, tu aurais cherché cette chaleur encore et tu m’aurais sucé avide, en suçant tu m’aurais regardé de tes yeux innocents et apaisés, par ces seins et cette bouche nous serions unis toute la vie, toute la vie le liquide blanc sortant de moi aurait été le plus nourrissant, le plus chaud, il y aurait eu avant tout le mélange de nos chairs, pourquoi je n’ai pas été mère, j’aurais hanté tous tes rêves, tes remords, je t’aurais possédé, je t’aurais possédé

te souviens-tu de ce matin blanc où nous nous sommes réveillés dans la pièce au premier étage pleine de poussière, un matelas par terre, pas d’oreillers, pas de vrais draps, juste une vieille couverture qui venait de je ne sais où, mes valises et mon dernier déménagement tout autour, dans le silence après le plaisir fort tu es soucieux, songeant, tu regardes autour de toi en restant à demi-couché, tu bailles et me regardes de travers, et à un moment tu me dis sans retenue comme un gamin qui se plaint de la faim à l'heure du goûter - j’ai envie de t’enculer

[...]

Aucun commentaire:

ma tête, ce soir

ma tête, ce soir

Accouplé à la peur
entre la vie et le vide

le cou engendre le couteau

et le Coupeur de têtes
suspendu entre la tête et le corps

éclate de mou rire

(Ghérasim Luca, A gorge dénouée)

de quoi Elise est-il le nom?

nous sommes nombreux mes frères