jeudi 26 février 2009

Des nouvelles de mon désamour




S'il arrivait que ce livre tombe sous les yeux de gens heureux, qu'ils ne le lisent pas. Car, peut-être, s'il leur apparaît que leurs destins seront inconstants comme ceux racontés ici, leur plaisir en sera diminué. Ceci, où que je sois, me navrerait, parce qu'il suffisait grandement que je sois née pour mon malheur, sans faire encore celui des autres. Les gens tristes pourront le lire, mais il n'y en a plus, depuis que la pitié existe dans le cœur des femmes. Dans le cœur des femmes, oui, parce qu'il y a toujours eu dans celui des hommes du désamour. Mais je n'écris pas pour elles, car si grand est leur malheur qu'il ne peut être consolé par aucun autre, qui ne peut que les rendre plus tristes encore ; ce serait injuste que je veuille le leur faire lire, je leur demande plutôt instamment de fuir ce livre et toutes les causes de tristesse, mais malgré tout, rares seront les jours où elles seront heureuses, car ainsi en a décidé la malchance avec laquelle elles naissent.


Bernardim Ribeiro, Mémoires d'une jeune fille triste

(haut de page Jean-Baptiste Camille Corot, La mélancolie, environ 1860)

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ma tête, ce soir

ma tête, ce soir

Accouplé à la peur
entre la vie et le vide

le cou engendre le couteau

et le Coupeur de têtes
suspendu entre la tête et le corps

éclate de mou rire

(Ghérasim Luca, A gorge dénouée)

de quoi Elise est-il le nom?

nous sommes nombreux mes frères