mardi 5 août 2008

Michel, Averroès et Houda




Averroès se heurta, premier, à la difficulté de concilier philosophie et religion. Il s'en explique dans son Traité décisif sur l'accord de la religion et de la philosophie.
Toutefois, pour ne pas déplaire à mes amis qui aiment la contre-culture, j'aborderai le problème d'un autre point de vue.
Voici donc un extrait du Traité d'athéologie de Michel Onfray, Grasset, 2005:

"Les trois monothéismes, animés par une même pulsion de mort généalogique, partagent une série de mépris identiques: haine de la raison et de l'intelligence; haine de la liberté; haine de tous les livres au nom d'un seul; haine de la vie; haine de la sexualité, du plaisir; haine du féminin; haine des corps, des désirs, des pulsions. En lieu et place de tout cela, judaïsme, christianisme et islam défendent: la foi et la croyance, l'obéissance et la soumission, le goût de la mort et la passion de l'au-delà, l'ange asexué et la chasteté, la virginité et la fidélité monogamique, l'épouse et la mère, l'âme et l'esprit. Autant dire la vie crucifié et le néant célébré...".

Mais non, Michel Onfray.
Ce n'est pas parce qu'un tel appartient à un des 'trois monothéismes', comme vous le dites de manière pathétiquement rapide, qu'il n'aime pas les livres, les autres livres; qu'il n'aime pas le plaisir sexuel (vous n'avez pas lu la Métaphysique du sexe de Julius Evola, personnage controversé, j'en conviens, mais livre aux allures de chef d'œuvre, dont les thèses, ou leur conséquences, sont partagée dans des petits livres magnifiques comme peuvent l'être Les larmes d'Eros de George Bataille?...); qu'il n'aime pas la vie ici-bas et les plaisirs, oh combien?!, qu'elle offre; qu'il est monogame et tout raide...

Non, Michel Onfray. Je n'ai pas encore lu vos livres, mais votre tirade bien trop obvie nous replonge dans le climat de discrimination que subissent aujourd'hui ceux qui désirent, avec une certaine dose de risque et de passion, avoir librement une expérience spirituelle forte à travers un des 'trois monothéismes'. Cela est possible, Michel Onfray, aimer le corps (et les corps autrui) et traiter avec autant de passion l'âme et ses errances (et les autrui errances).

Je pioche par hasard parmi vos titres: vous avez écrit une 'contre-histoire' de la philosophie, ce qui va peut-être m'intéresser plus que cet emportement scolastique contre les religiosités qui se réunissent autour de notre pauvre, vitupéré bassin méditerranéen...je me demande d'où peut venir l'exigence d'une 'contre-histoire' (autant que celle d'une contre-culture...): autant dire que l'histoire de la philosophie a été jusque là une imposture - ce qui est fort possible, d'ailleurs, et par moment flagrant, même aux yeux d'un modeste professeur de histoire de la philosophie, auquel peut arriver, dans ses meilleurs jours, de repenser et rediscuter une histoire qu'il visite régulièrement par ses lectures et sa pédagogie.

Repenser et rediscuter la catégorisation classique est une opération souhaitable de la pensée. Il sera souhaitable aussi, dès lors, que pendant que nous revisitons l'histoire de la philosophie, vous revisitiez les trois monothéismes, à travers des grands figures comme Titus Burkhardt par exemple, ou F. Schouon, ou la plus errante Isabelle Eberhardt, qui ont donné de cela une version nouvelle et très éclairée, avec une place pour l'hédonisme qui vous étonnerait...

Merci tout de même, Michel Onfray, de nous avoir donné l'occasion de repenser à ce vieux problème. Nous recommençons à y penser aujourd'hui grâce à vous. Le défi est posé.


Aucun commentaire:

ma tête, ce soir

ma tête, ce soir

Accouplé à la peur
entre la vie et le vide

le cou engendre le couteau

et le Coupeur de têtes
suspendu entre la tête et le corps

éclate de mou rire

(Ghérasim Luca, A gorge dénouée)

de quoi Elise est-il le nom?

nous sommes nombreux mes frères